La traite des êtres humains est l'exploitation de personnes par la contrainte, la menace, la fraude ou la tromperie en profitant d’une situation de vulnérabilité. Elle peut prendre différentes formes, comme l’exploitation par le travail, l'exploitation sexuelle, l'exploitation de la mendicité et la contrainte exercée sur des personnes afin qu’elles commettent des activités criminelles.  Les exploiteurs exercent un contrôle les victimes de la traite des êtres humains et les maintiennent dans des conditions qui restreignent leur liberté et leur sécurité. Cela s’accompagne souvent de menaces, qu'elles soient physiques ou verbales. La traite des êtres humains est un délit qui expose à de lourdes peines.

La traite des êtres humains est un problème grave et complexe qui affecte d'innombrables vies dans le monde entier. Il demeure cependant inconnu du grand public. Bien que le phénomène soit de plus en plus souvent traité dans les médias et dans les milieux politiques, sa véritable ampleur reste invisible. En conséquence, de nombreuses victimes souffrent en silence.

Une part importante de cette réalité demeure invisible

Malheureusement, de nombreuses victimes continuent de passer sous les radars. Elles ne sont pas détectées par les autorités et n'ont souvent aucune idée de la manière dont elles peuvent chercher de l'aide. Elles n’ont pas connaissance des structures d'aide et la peur des auteurs ou des autorités les maintient dans une situation d’exploitation. 

La complexité de la traite des êtres humains rend difficile l'identification des victimes. Leur exploitation reste souvent cachée, sur le lieu de travail ou même dans les familles. Ce qui, pour leur entourage, rend la détection des signes difficile. La honte et la peur de la stigmatisation ou des représailles empêchent souvent les victimes de révéler leur situation.

En Belgique, certaines victimes ne reçoivent pas l'aide à laquelle elles ont droit (ou une aide similaire). Chaque année, quelque 1 500 victimes potentielles s'adressent à l’un des centres d'accueil spécialisés agréés : PAG-ASA à Bruxelles, Payoke à Anvers et Sürya à Liège. Mais une zone d’ombre importante persiste quant au nombre réel de victimes. Le Global Slavery Index estime que chaque année, 11 000 personnes sont victimes de la traite des êtres humains dans notre pays.

Afin de faciliter l’accès des victimes à l’aide, un point de contact central pour les victimes de la traite des êtres humains a été créé en 2022 : www.stoptraite.be

Ce site web :

  • donne dans un langage clair une définition de la traite des êtres humains et sous quelles formes elle peut se manifester. 
  • propose une check-list pour que les victimes et les citoyens identifient les indices de traite des êtres humains ou s'ils peuvent s'identifier comme victimes de la traite. Car toutes les situations ne sont pas aussi claires les unes que les autres. 
  • permet aux victimes, aux personnes concernées et/ou aux témoins de signaler anonymement une situation, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, via un formulaire disponible sur ce site web ou entrer de cette manière en contact avec les centres spécialisés agréés. 
  • dispose d’un bouton « Quick exit » qui permet, en un seul clic, aux victimes menacées ou placées sous la surveillance étroite d’auteurs de traite des êtres humains, de quitter la page web.
  • est disponible en 24 langues, choisies en fonction des langues les plus fréquemment parlées par les victimes identifiées en Belgique.
  • propose également une base de données en ligne où différentes ressources, telles que des brochures et des vidéos, sont disponibles.   

L'objectif est de :

  • rendre l'information accessible à toutes et tous,
  • faciliter l'accès à l'aide pour les victimes, 
  • offrir aux professionnels des outils pratiques pour mieux intervenir.

Il existe également un numéro de téléphone unique, le 078 055 800, qui permet de contacter directement les trois centres d’accueil spécialisés, joignables 24 heures sur 24. 
Le point de contact assure une meilleure coopération, une information plus accessible, moins d'obstacles dans la recherche d'aide et un accès plus rapide à l'accueil pour les victimes.

Les médias jouent un rôle important car ils permettent d’informer mieux le public sur la traite des êtres humains et en indiquant comment signaler les situations présumées de traite.

Pour vous les journalistes, vous trouverez ici des lignes directrices pour traiter de manière claire et respectueuse les victimes potentielles de la traite des êtres humains et pour mieux faire connaître le point de contact belge. 

Communications sur la traite des êtres humains

  • Évitez la confusion avec le trafic des êtres humains. Le trafic des êtres humains consiste à faciliter le transfert/l’entrée illégal de personnes. La traite des êtres humains est une question d'exploitation et pas nécessairement de franchissement de frontières. Les victimes peuvent également être exploitées dans leur propre pays.

    Ces termes sont régulièrement confondus, même s’il s'agit de deux infractions distinctes qui ont chacune leur propre incrimination. On pense parfois être face à de la traite des êtres humains lorsqu'une personne est transportée illégalement d'un pays à un autre, alors que c’est précisément une définition du trafic des êtres humains. On pense aussi souvent que seuls les étrangers peuvent être victimes de la traite des êtres humains, alors que les Belges peuvent aussi en être victimes. Toute personne peut être victime, indépendamment de sa nationalité, de son sexe ou de son âge. 

    ATTENTION : nous constatons que la confusion vient parfois de la traduction anglaise et française de ces termes :
FR NL ENG
Traite des êtres humains Mensenhandel Trafficking in human beings/human trafficking
Trafic des êtres humains Mensensmokkel Smuggling in human beings/migrant smuggling
  • Expliquez clairement la législation et les définitions. 

    La traite des êtres humains renvoie à différentes formes d'exploitation :
    • l'exploitation sexuelle ;
    • l'exploitation économique ;
    • l'exploitation de la mendicité ;
    • la commission d'actes criminels sous la contrainte ;
    • le prélèvement illégal d’organes, de tissus ou de cellules.

    Il est important de préciser la différence entre ces formes. Évitez les déclarations ambiguës ou généralisatrices qui ne montrent pas la complexité de la traite des êtres humains.
  • Donnez des informations également sur la lutte contre la traite des êtres humains. Il importe de donner des informations non seulement sur l’infraction même, mais également sur les solutions et les moyens par lesquels la société peut contribuer à mettre fin à ces pratiques. Des informations à ce sujet peuvent toujours être demandées aux différents services mentionnés ci-dessous. 
  • Mettez en évidence les facteurs sociaux et économiques plus larges qui permettent la traite des êtres humains, tels que la pauvreté (précarité), l'inégalité, l'absence d’instruction, la discrimination, l'absence de titre de séjour légal et d'autres faiblesses. Il importe d’inscrire le problème dans le contexte des inégalités sociales et économiques.
  • Évitez de présenter la traite des êtres humains comme un problème insoluble, mettez également en lumière les initiatives fructueuses et les changements positifs qui s’inscrivent dans la lutte contre la traite des êtres humains.
  • Communiquez sur les possibilités et ressources en matière de réparation pour les victimes, y compris l'assistance juridique, l’accueil sécurisé et la réhabilitation. Témoigner de l'espoir et de la réparation est essentiel pour limiter les dommages susceptibles de conduire à la victimisation.
  • Évitez de recourir à un langage sensationnaliste qui banalise ou porte atteinte à l'expérience des personnes qui ont été confrontées à une situation d'exploitation. Il est préférable de demander plus d'informations aux travailleurs sociaux en contact avec les victimes.
  • Évitez d'utiliser des images ou des vidéos choquantes qui présentent les victimes dans une position vulnérable. L'utilisation de telles images peut aggraver les dommages et ne peut se faire qu'avec leur consentement.  Évitez les images qui présentent la situation de manière sensationnelle ou simpliste. Il est toujours possible de vérifier le caractère trop simpliste d’une chose en contactant les services mentionnés ci-dessous.
  • Tenez compte du fait que les victimes ne sont pas toujours conscientes que les publications lors d’une enquête en cours peuvent nuire à l’enquête ou miner leur position. Il est de votre responsabilité de vérifier que les victimes en sont conscientes et de leur permettre de prendre une décision éclairée avant de donner leur consentement. Par conséquent, informez-les brièvement de la confidentialité de l’enquête. 
  • Évitez d'utiliser à tort les termes de « traite des êtres humains » dans le cadre de transferts de football. Cela arrive parfois pour attirer l'attention sur le fait que, dans un certain sens, les joueurs/sportifs font l'objet d'échanges. Cependant, l'expression « traite des êtres humains » a une autre signification, d’ordre juridique, qui peut perdre de sa valeur si on l'utilise comme hyperbole pour exprimer son indignation dans le domaine du sport. La traite des êtres humains existe également dans le sport en général et dans le football en particulier, et une confusion peut surgir lorsque ce terme est régulièrement utilisé à mauvais escient.

Communications sur les victimes

  • Faites preuve de responsabilité dans la transmission des informations. En tant que journaliste, vous avez l'obligation éthique de protéger et de favoriser les droits et la dignité des victimes de la traite des êtres humains.
  • Évitez les stéréotypes sur les victimes ou les auteurs. La mention de la nationalité peut faciliter les stéréotypes. Ne le faites que si c'est explicitement pertinent, par exemple, pour décrire un modus operandi spécifique. La traite des êtres humains peut se présenter de différentes manières et les victimes peuvent provenir de différents milieux et groupes sociaux.
  • Protégez la vie privée et la sécurité des personnes qui ont vécu une situation d'exploitation. Ne publiez pas d'informations permettant d'identifier les victimes, telles que des noms, des photos ou d'autres informations personnelles qui pourraient les mettre en danger. Des détails de leur histoire peuvent également les rendre inutilement identifiables (moments ou lieux spécifiques où des faits ont été commis).
  • Stigmatiser ou blâmer les victimes est inacceptable. Les communications ne doivent pas laisser entendre que les victimes sont elles-mêmes responsables de leur situation si elles ont accepté l'emploi au départ.  Les exploiteurs abusent souvent de la vulnérabilité de leurs victimes pour les contraindre à se mettre dans des situations que d'autres personnes n'accepteraient pas.
  • Soutenez l'idée de l'empowerment. Évitez de mettre l'accent sur le statut de victime sans aborder la question de la réparation ou de la résilience des personnes concernées. Le statut formel de ‘victime de la traite des êtres humains’ n'est accordé qu’en cas de coopération avec la justice. En d'autres termes, les personnes qui ont ce statut ont donc, par définition, le courage de mettre en cause la responsabilité de leur exploiteur afin de protéger d'éventuelles futures victimes.
  • Faites porter la responsabilité sur les auteurs et les systèmes qui rendent possible la traite des êtres humains, et non sur les victimes. Évitez de blâmer la victime. Si vous avez des questions sur le rôle de la victime, contactez l'un des centres pour comprendre la raison et le contexte dans lequel une victime peut présenter ce comportement et mentionnez-le directement. Vous pouvez vous adresser pour ce faire aux trois centres, car les centres qui accompagnent une victime ne peuvent pas partager d’informations sur les enquêtes en cours la concernant. Si l'affaire est pendante devant le parquet, veuillez toujours vous renseigner auprès du magistrat de presse compétent.
  • Ne cherchez pas le contact avec la victime. Si une victime bénéficie d'un accompagnement dans l'un des trois centres, il est préférable de le contacter d'abord. Si l'affaire est pendante devant le parquet, veuillez toujours vous renseigner auprès du magistrat de presse compétent.
  • Offrez une perspective. Dans un communiqué sur la traite des êtres humains, indiquez où les personnes peuvent trouver des informations ou de l'aide. Vous pouvez le faire en mentionnant le point de contact pour les victimes de la traite des êtres humains au bas de l'article ou après le reportage. Vous trouverez ci-dessous un exemple de texte.

Besoin d’aide ?
En cas de danger immédiat, contactez la police via le 112.
Pensez-vous être victime de la traite des êtres humains ou avez-vous des doutes sur une situation particulière ?
Des informations sont disponibles sur le site www.stoptraite.be.
Vous pouvez également contacter les centres spécialisés 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 au numéro 078 055 800.

Où trouver les informations ?

  • Utilisez des sources expertes
  • Utilisez des sources anonymes ou anonymisées, sauf s'il est absolument nécessaire de révéler l'identité, et toujours avec le consentement éclairé de la victime. Les personnes qui se trouvent encore dans une situation d'exploitation ou qui viennent d'en sortir peuvent être très vulnérables ; tenez-en compte lorsque vous demandez le consentement et assurez-vous d'obtenir un accord clair avant de publier.
  • Suivez une formation sur la traite des êtres humains pour être formés et sensibilisés aux nuances et aux sensibilités des reportages sur la traite des êtres humains. Une presse bien informée peut contribuer à sensibiliser davantage sans nuire.
  • Encouragez la collaboration entre les médias, les instances gouvernementales et les organisations sans but lucratif afin de sensibiliser le public au problème et aux changements structurels nécessaires.