L’exploitation sexuelle est un fléau pour de nombreuses victimes. Au fil du temps, cette criminalité a pris d’autres formes. Alors qu'il y a quelques années, les réseaux des pays d'Europe de l'Est étaient principalement actifs dans la traite des êtres humains à des fins d'exploitation sexuelle, le contexte actuel est beaucoup plus complexe..
La campagne "Blind Betting" vise à faire la lumière sur l'exploitation sexuelle et notamment sur le phénomène des lover boys, qui tentent de séduire et de conquérir des jeunes filles par de fausses promesses pour ensuite les exploiter sexuellement.
Contexte
Aujourd'hui, l'exploitation sexuelle n'est plus limitée au cadre de réseaux organisés, et les cas d'exploitation deviennent également beaucoup plus courants. Il s'agit parfois de citoyens belges qui séduisent des jeunes filles pour les forcer à se prostituer, parfois de couples où l'homme oblige sa partenaire à se prostituer. Les jeunes filles mineures défavorisées peuvent être la cible des auteurs de ces crimes.
Pour les auteurs d'infractions, les réseaux sociaux constituent désormais un outil essentiel pour leurs pratiques criminelles. Cela s'applique à toutes les formes de criminalité, dont l'exploitation sexuelle fait partie. L'exploitation sexuelle se déroule de plus en plus souvent dans l'ombre, car les contacts entre les personnes se font aujourd'hui principalement en ligne. Il est donc plus difficile de retrouver les victimes, de localiser les sites d'exploitation et, par conséquent, de répondre à la principale préoccupation des acteurs sur le terrain : apporter aide et soutien aux personnes exploitées.
Chiffres
En 2020, les parquets belges ont ouvert 233 nouveaux dossiers d'exploitation sexuelle et 52 victimes ont accepté d'entamer une procédure de protection dans le cadre de la traite des êtres humains. Toutes les victimes ne veulent pas entamer une procédure de protection par crainte de représailles, parce que des personnes de leur entourage sont menacées ou par honte.
Campagne
Derrière les promesses faites lors du "jeu de séduction" se cache une réalité révoltante : prostitution forcée, violences, menaces, etc. qui déterminent le quotidien des filles. La campagne "Blind Betting" vise à ouvrir les yeux des gens sur cette réalité. La carte de ce "jeu" a deux faces : une qui semble prometteuse mais qui est fausse et une autre qui est la réalité brute. La campagne informe également sur les services qui peuvent aider en cas d'exploitation sexuelle.
La campagne se déroulera pendant une semaine à partir du 18 octobre, journée européenne de la traite des êtres humains.
La campagne sera visible dans trois grandes gares belges : Bruxelles-Midi, Liège-Guillemins et Anvers-Central.
Cadre
Cette campagne sera diffusée dans la plupart des pays européens. Il s’agit d’un plan d’actions développé dans le cadre du cycle politique de lutte contre la criminalité organisée de la Commission Européenne (EMPACT). Cette initiative, sous l’égide d’EUROPOL, est menée par les services centraux des divers services de police européens actifs dans la lutte contre la traite des êtres humains. Cette campagne, livrée « clé sur porte », est adaptée et diffusée en fonction des réalités de chaque pays concerné. La Police Judiciaire Fédérale belge est un membre de la cellule interdépartementale de coordination dans la lutte contre la traite des êtres humains du SPF Justice. La Police Fédérale a souhaité associer ses partenaires à la campagne dont le SPF Justice, Myria et les trois centres spécialisés dans l’accueil des victimes de la traite des êtres humains : Pag-asa, Payoke et Surya.
Vincent Van Quickenborne, vice-Premier ministre et ministre de la Justice et de la Mer du Nord :
« En Belgique, les victimes de la traite des êtres humains bénéficient d'un statut spécifique qui les protège des trafiquants. Dans le cadre de ce système unique, les auteurs sont poursuivis devant les tribunaux tandis que les victimes bénéficient d'une protection et d'un hébergement. Peu de victimes trouvent le chemin de nos trois centres spécialisés, et avec cette campagne, nous voulons les convaincre de faire ce pas. Nous nous adressons aux plus vulnérables, mais aussi aux plus invisibles de notre société. Non seulement pour pouvoir poursuivre les auteurs, mais tout autant pour pouvoir accorder aux victimes leurs droits en tant que victimes et leur donner la chance d'une vie digne. »
Annelies Verlinden, ministre de l’Intérieur, Réformes institutionnelles et Renouveau démocratique :
« Notre société est en constante évolution, tout comme la criminalité. L'internet joue un rôle de plus en plus important à cet égard. Les auteurs d'actes d'exploitation sexuelle approchent de plus en plus leurs victimes potentielles, souvent des jeunes filles, en ligne. Il est de notre devoir de protéger autant que possible les victimes potentielles et de faire en sorte qu'elles rendent des comptes. Les abus sur Internet ne s'arrêtent pas à la frontière, et notre approche ne doit pas non plus s'arrêter là. Avec nos collègues européens, nous nous engageons dans la lutte contre l'exploitation sexuelle. »