C’est avec indignation que nous avons découvert l’article à la une du Morgen Reporter du samedi 16 novembre. La présentation qui est faite de la section AIBV (afdeling « individuele bijzondere veiligheid ») de Bruges témoigne d’une mauvaise foi flagrante et tient totalement du surréalisme. Il est frappant que la comparaison avec Guantanamo dans le titre ne vienne pas du détenu concerné, mais de l’auteur de l’article qui n’a jamais visité la section. Le texte est calomnieux et blessant à l’égard du personnel et des détenus de la section, contient une obscure accusation totalement infondée à l’égard du Directeur général de la prison et donne une image tronquée et partant, incorrecte de la politique pénitentiaire.

Nous lisons (traduction libre) : « La création de l’AIBV à Bruges a été le premier acte politique visible du ministre de la Justice Jo Vandeurzen. Il s’agissait de la réponse politique à l’évasion de Nordin Benallal de la prison d’Ittre, fin 2007. » C’est bien simple : la création de l’AIBV était une décision dont le timing avait été fixé par le gouvernement violet et n’a par conséquent rien à voir avec l’évasion de Nordin Benallal. Il suffit de consulter le site Internet www.jovandeurzen.be pour constater que l’affirmation de l’auteur ne tient absolument pas la route et n’a d'autre intention que de blesser et de pousser une politique diversifiée et très nuancée dans le camp de la répression extrême.

Détention restaurative

L’AIBV a été créée en juin de cette année. Elle accueille des détenus qui présentent des problèmes comportementaux extrêmes persistants et qui agressent les membres du personnel et/ou leurs codétenus. Elle peut accueillir 10 détenus. Une section similaire a été ouverte à la prison de Lantin, où 12 détenus peuvent séjourner. Les détenus suivent un régime individualisé qui respecte la loi de principes concernant l’administration pénitentiaire ainsi que le statut juridique des détenus et les principes de la détention restaurative. L’ambition est de stabiliser et de normaliser le comportement du détenu, afin qu’il puisse être réinséré dans un régime carcéral normal. L’AIBV permet de limiter les transferts de détenus entre prisons. La cohabitation dans les prisons y reste vivable.

La durée maximale de séjour dans l’AIBV est de 6 mois, une période qui est prolongeable.

Un cadre de personnel étendu a été formé spécialement pour cette tâche particulière. La section est réellement équipée d’équipements matériels supplémentaires qui contribuent à la sécurité interne et externe (cellules sécurisées, matériel ancré, doubles portes de cellule spéciales, sécurité par hélicoptère, etc.). Le régime dans la section est avant tout très strict et fortement structuré. L’approche est très linéaire et partant, très claire, mais fondée sur la communication et le contact avec les détenus. C’est précisément cette proximité qui réduit le risque de comportement agressif. Elle est tout aussi importante que la fixation de limites et l’offre de structure et de clarté.

Oubliettes

En d’autres mots, la section s’apparente à tout sauf à des « oubliettes ». Pendant les quatre phases du trajet, à savoir l’enregistrement, l’observation, l’encadrement et la libération, des activités sont organisées pour lesquelles le personnel fait appel à la collaboration et à l’implication du détenu. L’équipe de soins de même que le personnel de surveillance sont présents jour et nuit.

Cette approche porte ses fruits, preuve en sont les expériences du premier semestre. Actuellement, 7 détenus qui ont fait preuve d’un comportement extrêmement agressif à plusieurs reprises pendant leur détention séjournent à l'AIBV. Aucun incident grave n’est survenu à ce jour. Le personnel, qui est très fréquemment confronté à des agressions verbales, des menaces et des reproches, parvient à éviter l'escalade des conflits. A cet effet, ils doivent très souvent faire preuve de beaucoup de patience et d’une forte capacité à encaisser. Chez la plupart des détenus, l'on constate une amélioration notable dans leurs relations avec le personnel. Leur consommation de médicaments a diminué dans des proportions impressionnantes. La réduction de leur addiction entraîne une amélioration notable de leur comportement. Dans l’intervalle, deux détenus sont éligibles pour un transfert dans une autre prison. Toute visite, y compris celle d’avocats, a lieu à la section même. Nous renvoyons également à notre collaboration avec l'Université de Gand. L’ouverture de l’AIBV est en totale opposition avec les accusations unilatérales publiées dans « De Morgen ».

Pieds et poings liés

Les affirmations approximatives et erronées de l’auteur, son absence de simple et double contrôle, sont indignes d’un journaliste. L’AIBV se situe au rez-de-chaussée de la prison, pas dans la cave. La promenade communique avec la section. Elle est aussi située au rez-de-chaussée et n’est certainement pas « une sorte de cage à un étage supérieur de la prison ». Aucun détenu ne doit jamais se promener pieds et poings liés. Quelle en serait l’utilité d’ailleurs ? « C’est quand même pour les retirer une fois que les gardiens ont pénétré dans la cellule et déshabillent le détenu pour une fouille à nu ! » Nous ne ferions que rendre la fouille encore plus risquée qu'elle ne l'est déjà ?! Bref, cela n’a aucun sens. L’utilisation de menottes est soumise à une réglementation stricte et est toujours motivée dans une décision individuelle. Ces décisions sont consignées et peuvent être consultées. L’utilisation de ces moyens coercitifs est très exceptionnelle et se limite aux déplacements de et vers la section (après transfert et/ou sortie) et en cas de réintégration de la cellule. Par souci de sécurité et pour protéger le personnel, qui a bien le droit à une protection contre les attaques agressives, ils peuvent être utilisés lors d'un déplacement interne et sont dans ce cas strictement limités à la durée du mouvement. Evidemment, ils sont aussi utilisés par les services de police lors du transfert d’un détenu. Les services de police sécurisent le transport d’un détenu et prennent les mesures nécessaires à cet effet. Il semble logique qu’ils en décident en fonction de la dangerosité (risque de fuite) du détenu en question. Dans la section, les fouilles se déroulent conformément à la circulaire relative à l’examen des vêtements, aux fouilles à corps et à l’examen de l’espace de séjour. Le récit des fouilles à nu ne tient donc pas debout.

Université ouverte

« Tout contact avec le monde extérieur est interdit ». A l’AIVB, un détenu peut entrer en contact avec l'extérieur de différentes manières. Les visites, la correspondance écrite et les appels téléphoniques sont clairement décrits dans le règlement d'ordre intérieur de la section. Le détenu dont il est question dans l’article, monsieur Sekkaki, n’avait en effet que peu de perspectives avant son transfert à l’AIBV. A cause de son comportement et pour des raisons de sécurité, il avait été placé à de multiples reprises dans un régime de sécurité individuel particulier et avait dû être transféré fréquemment. Son transfert à l’AIBV devait précisément permettre de sortir de cette impasse. Le détenu en question séjourne dans la prison depuis le 7 novembre 2000. Il purge une série de condamnations et avait aussi été interné. Il a commis plusieurs vols avec violence, parfois à main armée, et il a aussi été condamné pour menaces, coups et blessures, association de malfaiteurs et infractions à la législation sur la drogue. Son régime actuel s’étend jusqu’au 15 décembre 2008.

L’article impute ce placement à « une rancune personnelle » avec le Directeur général Hans Meurisse. La réalité est que le transfert du détenu en question à l’AIVB avait précisément été vu comme une possibilité ultime de créer une ouverture dans ce dossier. Le détenu fait désormais l’objet d’une attention particulière et bénéficie de soins spéciaux à la section. Dans son cas aussi, le placement dans la section a, dans l’intervalle, évolué vers un régime plus souple. L’équipe de soins prépare, à sa demande, sa participation aux cours de l’Université ouverte. Monsieur Sekkaki pratique régulièrement une activité sportive. Il téléphone pratiquement chaque jour à sa mère et a la possibilité d’appeler ses avocats. Il peut recevoir la visite de parents du premier degré, même si ces visites se font derrière une vitre pour éviter qu'il ne reçoive du matériel ou des plans des visiteurs. Il peut entretenir une correspondance illimitée avec son avocat. Toute autre correspondance est possible, en sachant que le courrier entrant et sortant est contrôlé.

Les allégations selon lesquelles le personnel procède à des fouilles parce qu’il s’ennuierait sont totalement sans fondement. Il y a évidemment des fouilles, mais elles sont conformes à la réglementation relative aux fouilles en cellule et à l’examen des vêtements. Les fouilles à corps sont strictement limitées et sont autorisées uniquement après motivation individuelle par la direction.

Nous pouvons parfaitement comprendre qu’un détenu soit frustré par son placement dans une section – il faut bien l’avouer – particulière où les contacts avec les autres détenus sont assez limités. Nous regrettons cependant qu’un journaliste, sur la simple base d’allégations gratuites d’un détenu et sans contrôler ses informations, discrédite une section et surtout le personnel qui y travaille mais aussi les codétenus et ne doive pas se justifier.

 

Leo De Bock

Porte-parole Justice

Au nom du personnel et de la direction de l’AIBV,

la Direction générale des Etablissements pénitentiaires